- HÉSYCHASME
- HÉSYCHASMEHÉSYCHASMEDu mot grec hésychia , qui, dans l’hellénisme chrétien, désigne le «silence» et la «paix» de l’union à Dieu, l’hésychasme consiste en une méthode ascétique et mystique, «art des arts et science des sciences», qui est au cœur de la spiritualité de l’Église orthodoxe. Il s’agit de «désinvestir» la conscience du flot des logismoï (images et pensées «passionnelles», idolâtriques) pour la «faire descendre» dans le «cœur», qui est le centre d’intégration potentiel de l’être total et que le baptême a uni à l’humanité déifiée et déifiante du Christ. Alors, l’hésychaste prend conscience — d’une manière opérative — de la «grâce baptismale», de l’«énergie divine» présente à la racine même de son être.Cette unification de l’homme-en-Christ utilise l’invocation du nom de Jésus sur le rythme de la respiration et, finalement, celui du cœur, car le corps de l’homme a été créé pour devenir le «temple du Saint-Esprit». D’où le nom de «prière de Jésus» ou «prière du cœur» donné à cette méthode, véritable analogue de certaines méthodes asiatiques (dhikr musulman, japa-yoga hindou, nembutsu japonais), mais analogue chrétien (en effet, la perspective est celle d’une communion personnelle avec Dieu).L’hésychasme — dont les racines bibliques et surtout johanniques sont évidentes — est attesté dès les origines du monachisme, aux IIIe et IVe siècles; il s’affirme au Sinaï, avec saint Jean Climaque, au VIIe siècle, puis connaît deux grandes renaissances à partir de l’Athos, l’une au XIVe siècle, l’autre autour de 1800. À l’époque actuelle, avec la dispersion orthodoxe, la «prière de Jésus» se répand dans beaucoup de milieux occidentaux, provoquant un discret mais profond «œcuménisme des contemplatifs». En témoigne notamment la publication entreprise, dans la collection Spiritualité orientale, des textes fondamentaux de la tradition hésychaste.
Encyclopédie Universelle. 2012.